Il y a quand même pas mal de pays dans lesquels le carburant est beaucoup moins cher qu'ici. Ca allège le budget.
Et je vois pas trop l'intérêt de mettre 20000€ dans une BMW récente pour pleurer ensuite pour en faire le plein...A raison de 5L/100km, et à 2€/L, ça coûte 300€ par an de carburant pour les motards de 2023 pour faire leurs 3000 km annuels.
Ma moto de voyage privilégiée, la K75GS, je l'ai payée 500€ à l'achat. J'ai mis environ 1500€ de pièces et équipements dessus, en 7 ans. Ca laisse beaucoup, beaucoup, beaucoup de sous pour arriver au budget d'une R1250GSA qui fait des tours en vallée de Chevreuse toute l'année et au Parpaillon une fois par an.
Chacun son truc.
J'ai pas l'impression de ne pas profiter des endroits traversés quand je me tape des journées entière sur la selle. Au contraire.
Je les parcours, je m'immerge dedans, j'y trace des courbes, je les ressens, je les décrypte. Et, si possible, je m'y perds pour y être surpris, étonné, émerveillé.
Surtout ne pas trouver ce que je m'attends à voir mais y découvrir ce que je n'y soupçonnais pas.
Surtout ne pas suivre le chemin prévu, ne pas planifier d'étapes, ne pas suivre le menu ou le programme. Une destination, pourquoi pas. Mais faut pas s'obliger de l'atteindre si une autre apparaît en route.
Surtout pas de waypoints, je suis à moto, pas en train. Surtout pas de réservations d'hotels! Une tente, un duvet, un matelas, et on verra. Au pire c'est le camping sauvage, au mieux on est invité ici ou là, généralement il y a des campings partout.
Surtout pas de boussole, à la limite une carte générale. Il y a des panneaux partout, des gens entre les panneaux, des mers et des océans partout, impossible de se perdre. S'il m'arrive de buter sur une frontière, je discute avec les douaniers, dégaine le mot magique "Kollèga!" et ça se finit généralement au fond du poste à boire le thé ou un truc super fort qui pique. Pratique. Bon, j'irais pas mettre ça en oeuvre ces jours-ci du côté de Minsk, mais j'ai bien l'intention d'aller me baigner dans le Prut d'ici quelques semaines. J'ai toujours rêvé d'envoyer une carte postale de Moldavie avec écrit au dos "Bons baisers du Prout!"
Faut dire que si tu débarques avec une moto qui vaut 20 ans de salaire local, vétu du dernier ensemble Klim qui vaut le prix de sa maison, le contact avec l'autochtone est tout de suite moins désintéressé. Disons pré-orienté. Voire biaisé.
Quand tu te pointes avec une BMW quadra ou quinquagénaire, il n'y a plus que la barrière de la langue, qui se franchit d'un petit coup de Fosbury cognitif, façon "j'irai dormir chez vous!"
Parce que l'important en voyage, c'est pas les kilomètres, c'est les rencontres.
La dernière fois que j'ai voyagé, cet automne à Bucarest, j'ai tellement papoté avec une vendeuse d'une boutique de l'aéroport que j'ai pas vu que ma porte d'embarquement, juste à côté avait changé, et j'ai laissé passer l'heure de l'embarquement... :lol Heureusement, elle a pu m'arranger le coup avec la compagnie, et j'ai pu rejoindre l'avion in extremis avant la fermeture des portes...qui est resté ensuite bloqué une heure et demi sur le tarmac avant de décoller.